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  • Trois questions à Julien Joly, expert aéronautique au cabinet de conseil Wavestone
    édité le 19/06/2023

Emmanuel Macron a fait des annonces en faveur de la décarbonation du secteur aéronautique avant l’ouverture de la 54ème édition du salon du Bourget. Quelles sont les solutions technologiques les plus prometteuses pour réduire les émissions de CO2 du secteur ?

Dans les prochaines années, la technologie la plus prometteuse pour les avions de ligne est l'utilisation des Sustainable Aviation Fuels (SAF). Ces biocarburants fabriqués à partir de résidus organiques comme des huiles de cuissons, de bois ou d'algues peuvent être incorporés au kérosène consommé par les avions.

Les moteurs actuels peuvent d'ores et déjà fonctionner avec un mélange de biocarburants allant jusqu'à 50% et ce taux va encore augmenter dans les prochaines années.
Le problème : la disponibilité de ces biocarburants et mécaniquement leur prix élevé pour les compagnies aériennes. La filière des biocarburants est en plein développement en France et les volumes trop faibles pour répondre aux besoins de l'aviation et des autres secteurs également en demande pour engager leur transition énergétique. Le plan annoncé par le gouvernement a pour objectif de produire 500 000 tonnes de biocarburants par an à horizon 2030.

Pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre (GES), des technologies de rupture devront être développées, comme l'avion à hydrogène dont les premiers modèles pourraient voir le jour d'ici 2035. Les freins technologiques sont encore nombreux, comme le stockage de l'hydrogène liquide. Son volume 4 fois supérieur à celui du kérosène nécessitera de repenser la forme des avions.

Concernant les vols courts, des avions électriques de quelques places sont d'ores et déjà à l'essai.

Peut-on croire au développement d’un avion vert "zéro carbone" dans les prochaines années ?

La formule " zéro carbone " utilisée par le gouvernement peut porter à confusion. En effet, si l'on considère le cycle de vie complet d'un avion (de sa fabrication à son recyclage en passant par son utilisation), les émissions peuvent être fortement réduites mais n'atteindront probablement jamais la neutralité carbone.

Ce qui est vrai en revanche, c'est que le déploiement de nouvelles technologies comme les SAF ou de nouveaux moteurs vont permettre de poursuivre la réduction des GES dans les prochaines années. On estime entre 10% et 15% la réduction des émissions à chaque nouvelle génération d'appareil et ce pourcentage pourrait être encore plus important si les recherches actuelles aboutissent à la mise au point d'une innovation de rupture comme l'avion à hydrogène.

Ces technologies seules ne permettront sûrement pas de réduire à très court terme et de façon significative les GES. D'autres mesures, comme la complémentarité modale avec le train ou la sobriété sont d'autres leviers qu'il faudra vraisemblablement prendre en compte dans l'équation pour tenir les objectifs à court terme.

Les investissements annoncés par le gouvernent sont en tout cas une bonne nouvelle. Les cycles de développement de l'industrie aéronautique sont longs et coûteux : les recherches d'aujourd'hui permettent la mise au point des avions dans lesquels nous volerons dans 10 ou 20 ans.

Quels sont les enjeux du salon du Bourget pour les constructeurs historiques Airbus et Boeing ?

Sans surprise, Airbus et Boeing vont une nouvelle fois se livrer une bataille sur le front des commandes d'appareils. Et le contexte est favorable pour les constructeurs : le trafic tend à retrouver son niveau d'avant covid dès cette année au niveau mondial et la demande des voyageurs reste forte.

La bataille aura principalement lieu sur le segment des monocouloirs moyen-courrier très demandés par les compagnies aériennes et lucratif pour les constructeurs : Airbus avec la famille A320 et son nouvel A220. Boeing de son côté rivalisera avec son best-seller, la famille B737.

Le segment des long-courriers fera également l'objet de toutes les attentions avec la présentation par Boeing de son nouveau 777X face à son rival européen l'A350.

Si le montant final des commandes reste pour le moment imprévisible, l'ensemble des acteurs mettront sans nul doute en avant leurs efforts pour la préservation de l'environnement lors de cette édition placée sous le signe de la décarbonation.

Propos recueillis par Jean-Guy Debord


 
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