
Supprimer les chaudières, c’est porter un coup d’arrêt au développement des biogaz, notamment pour les zones rurales. En effet, les chaudières gaz peuvent être alimentées depuis 2018 par du biopropane et le seront d’ici à 2030 par du diméthyléther renouvelable. Il est donc essentiel que le gouvernement donne le temps et les moyens à ces deux biogaz de se développer car ils présentent le double avantage de pouvoir être distribués dans les zones rurales non raccordées au gaz de ville et de garantir une diminution des émissions de CO2 d’environ 80% par rapport au fioul. Il serait dommage de se priver d’une solution énergétique qui participe à la décarbonation et à la cohésion des territoires.
Qui sont les utilisateurs de chaudières à gaz et quels sont leurs avantages ?
83% des communes rurales ne disposent pas de réseau de gaz de ville ou de réseau de chaleur urbain. Dans ces communes non raccordées au réseau, les gaz propane et biopropane peuvent être livrés aux clients ruraux et alimenter leurs chaudières gaz. A noter qu’une chaudière gaz très haute performance environnementale (THPE) permet de réduire la consommation d’énergie de 30% par rapport à une chaudière gaz classique. Associé à une chaudière THPE, propane et biopropane sont livrables et stockables en tout point du territoire en fonction des besoins du client. Ils assurent des usages aussi divers que la cuisson, le chauffage et la production d’eau chaude. Les PME et PMI rurales sont aussi des utilisateurs de chaudières à gaz pour le chauffage et les processus de production. Le pouvoir calorifique du gaz et sa performance de chauffe sont inégalés et très précieux pour certains métiers notamment les viticulteurs, fromagers, céréaliers et aviculteurs. Or l’interdiction envisagée concernerait aussi les bâtiments tertiaires…
Quelles sont les alternatives possibles au gaz naturel et au GPL, en particulier dans les zones rurales ?
Le gouvernement souhaite remplacer les chaudières gaz par des pompes à chaleur. Ce choix précipité manque malheureusement d’analyse et de discernement. Aucun audit public préalable n’a été réalisé sur la politique de soutien aux pompes à chaleur. Par ailleurs, les chaudières ont gagné en performance et peuvent être alimentées par du biogaz. A l’inverse les pompes peuvent être mal dimensionnées et affectées à des logements anciens et mal isolés. Or, 90 % du parc de logement rural est composé de maisons individuelles, plus grandes et plus anciennes qu’en zones urbaines. Il faut aussi avoir à l’esprit que le coût global d’une pompe à chaleur, entre achat et maintenance, est bien supérieur à celui d’une chaudière, même en intégrant les aides qui ne pourront rester indéfiniment au même niveau. Surtout, avec une demande en hausse et une offre en stagnation, l’énergie électrique va forcément voir son prix augmenter ce qui pose un réel problème dans les territoires où le climat est très froid en hiver : dans ces territoires, la pompe à chaleur aura besoin de consommer plus d’électricité pour élever la température puisée dans l’air, l’eau ou le sol. Plus globalement, la conversion envisagée par le gouvernement vers des pompes à chaleur entrainerait jusqu’à 60 % de hausse sur la pointe électrique. Des investissements publics massifs à la charge des ménages et des collectivités locales (en plus des différents dispositifs d’aides aux pompes à chaleur déjà en place) seraient nécessaires pour adapter le réseau électrique dans l’optique de desservir une faible densité de population. Supprimer les chaudières gaz va donc incontestablement impacter le budget des collectivités locales et des ménages ruraux dont le coût d’accès à l’énergie est déjà 20% plus élevé qu’en zone urbaine.
Propos recueillis par Jean-Guy Debord