Pour répondre à la demande du Gouvernement aux enjeux de la décarbonation des bâtiments publics et des logements, quels sont les avantages des gaz liquides et leur utilisation dans le secteur de la construction ?
Les gaz liquides, historiquement connus sous le nom de Gaz de Pétrole Liquéfié constituent un atout majeur pour la décarbonation des bâtiments ruraux français. En effet, 30 700 communes françaises sont rurales, soit 94% du territoire pour seulement 33% de la population. La faible densité de ces zones implique des surcoûts dans le déploiement des énergies “en réseau” (réseaux de chaleur urbain, réseau de gaz naturel, réseau électrique). Les énergies stockables sur site y sont donc indispensables en zone rurale.
On entend dire, notamment depuis l’interdiction d’installer de nouveaux équipements au fioul, que l’électricité, grâce aux pompes à chaleur, va permettre de décarboner tous les bâtiments sans augmenter le besoin en électricité (voire en le réduisant...) de ces zones peu denses. Or, selon les simulations que nous avons réalisées avec le centre PERSEE de l’Institut des Mines PSL, la pompe à chaleur généralisée dans les territoires ruraux, augmente la pointe électrique de 68 %. + 70 % d’électricité pour les seuls logements de 30 % de la population : on est loin de la promesse du miracle annoncé.
C’est pourquoi les gaz liquides sont une solution pour la transition énergétique des bâtiments : ils ne présentent aucun risque d’impliquer des travaux de renforcement du réseau de distribution publique d’électricité (cf. le “décret fioul”).
De plus, ils donnent l’assurance de contribuer à l’enjeu de décarbonation des bâtiments sans nouveaux travaux : le même équipement fonctionne avec des gaz liquides d’origine fossile ou des biogaz liquides. Ces derniers permettent de décarboner à 77 % leur aïeul d’origine fossile.
Quelles sont les qualités des chaudières à très haute performance énergétique THPE ?
Les équipements du chauffage à eau chaude, comme les chaudières, sont parmi les plus performants : les études d’Énergies & Avenir ont montré que le remplacement d’un équipement ancien par une chaudière THPE permet un gain immédiat allant jusqu’à 40% d’économies d’énergie et autant d’émissions de CO2 évitées (Étude sur les rénovations en maisons individuelles – 2018).
Abordables, elles sont “made in France”. La grande majorité d’entre elles fournit les ménages en eau chaude sanitaire de manière instantanée. Dans les approches planifiant la rénovation et la transition énergétique, il importe de prendre en considération le pouvoir d’achat des Français et leur capacité à rénover, tout en subvenant à tous ces besoins.
Enfin, les chaudières gaz liquides THPE n’entrainent pas d’augmentation des surfaces agricoles mobilisées dans des usages non alimentaires : le biopropane est un coproduit des bioraffineries. La forte demande de développement des biocarburants et de biokérosène par les pouvoirs publics génère une forte augmentation de la co-production de biopropane. Chaque KiloWatt issu d’une bioraffinerie sera ainsi optimisé pour satisfaire les besoins énergétiques des entreprises, des services publics et des ménages ruraux.
Qui utilise l’énergie gaz butane propane et pour quel usage ?
Les gaz liquides sont utilisés par plus de 20 millions de personnes, comme le rappelait notre campagne de 2022, qui sont souvent isolés, mais ne sont pas des cas isolés.
Il s’agit de ménages résidant en zones rurales, où 90 % du parc de logements est composé de maisons individuelles, plus grandes et plus anciennes qu’en zones urbaines. 35 % des ménages y résidant sont touchés par la précarité énergétique et la totalité d’entre eux font face à un surcoût de 20 % en matière de chauffage et de 40 % en matière de mobilité.
Il s’agit également d’agriculteurs, d’artisans, de professionnels du tourisme, d’industriels, de producteurs de spiritueux, de brasseurs, de restaurateurs, de PME, ou de services publics ruraux... En sommes, les gaz liquides sont un acteur majeur de l’aménagement du territoire et permettent l’existence de ce qui fait rêver de la France aux quatre coins du monde : la beauté des paysages, la richesse du patrimoine et la gastronomie française !
A ce propos, il est trop souvent oublié qu’un tiers des ménages cuisinent aux gaz liquides (un tiers au gaz naturel et un tiers à l’électricité). Les restaurateurs professionnels plébiscitent également ce mode de cuisson de qualité, et disponible en tout lieu, aussi isolé soit-il.
Les gaz liquides sont également et plus que jamais plébiscités pour la mobilité. Le GPLc est resté sous la barre de l’euro au litre. Il permet aux véhicules d’accéder à une vignette Cirt’Air 1 et donc de circuler dans les ZFE. Aussi, alors que les immatriculations des véhicules thermiques décroissent, celles de véhicules GPL augmentent de 50% chaque mois depuis le début de l’année. La distribution de carburant GPL a enregistré en 2022 une hausse de + 68,7% vs 2021, succédant à une progression de 40,3% en 2021).
Enfin, les usages touristiques et récréatifs sont non négligeables : chaque année, 450 000 campeurs utilisent des gaz liquides.
Quelle énergie autre que les gaz liquides, dont la combustion est propre pour les process (ne génère pas de suies) et pour la qualité de l’air, peut-elle répondre à leurs besoins de chaleur, de puissance et de confort, en tout point du territoire, y compris insulaire ? La fidélité de cette énergie pour ses utilisateurs n’est plus à démontrer : grâce à des approvisionnements européens, méditerranéens et métropolitains les gaz liquides ont été un atout dans la crise énergétique actuelle. Les professionnels du bâtiment me font régulièrement part de l’attrait retrouvé pour une énergie que d’aucun pensait désuète.
Propos recueillis par Jean-Guy Debord