L’Agence Internationale de l’Energie (IEA) vient de rendre public son rapport le « World Energy Outlook 2007 » sur les perspectives énergétiques et sur ses recommandations pour les vingt-cinq prochaines années.
La croissance économique de la Chine et l’Inde associée à la consommation des autres pays émergents et des nations industrialisées conduisent à une profonde transformation du système énergétique mondial.
Les experts de l’agence ont élaboré deux scénarios à l’horizon 2030:
- Un scénario de référence correspondant au fait que « les gouvernements du monde entier ne renoncent pas à leurs politiques actuelles ».
Le scénario de référence prévoit que les besoins énergétiques mondiaux augmenteront de 55 % entre 2005 et 2030 (soit une croissance moyenne annuelle de 1,8 %), les énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) restant très largement prédominantes en couvrant 84 % des nouveaux besoins énergétiques. D’après l’AIE, la production de pétrole atteindra 116 millions de barils par jour (Mb/j) en 2030 soit une augmentation de 37 % par rapport à 2006, la part de l’OPEP passera de 42% à 52%. Dans ce scénario, les pays en développement participeraient à hauteur de 74 % à l’accroissement de la consommation mondiale d’énergie dont près de la moitié serait imputable à la Chine et à l’Inde. Une des conséquences directes de cette croissance énergétique serait l’augmentation sur la période de 57 % des émissions de gaz à effet de serre.
- Un scénario alternatif basé sur l’hypothèse que « les politiques que les gouvernements du monde envisagent aujourd’hui étaient mises en œuvre » La croissance des besoins énergétique passe à 1,3 % par an au lieu de 1,8 % entraînant une consommation de pétrole voisine de 102 Mb/j en 2030. Les émissions de gaz à effet de serre se situant à 27 % au-dessus de celles de 2005.
L'AIE pense que la Chine et l'Inde sont désormais conscientes qu'une course effrénée aux gisements d'or noir (Afrique, Asie centrale…) ne les prémunit pas contre une crise d'approvisionnement, et que la sécurité passe aussi par un bon fonctionnement du marché pétrolier. L’agence privilégie la coopération étroite avec ces deux pays : les pays de l’AIE, d’une part, ainsi que la Chine et l’Inde, d'autre part, ont potentiellement beaucoup à gagner d’une coopération renforcée en matière de politique énergétique.
Si, en théorie, les réserves mondiales d'énergie sont suffisantes pour faire face à la demande, dépasser 100 Mb/j nécessitera une augmentation des capacités de production dans le monde et des investissements énormes dans l’exploration production et l’amélioration de l’efficacité énergétique évalués à 5.000 milliards de dollars par l'AIE.
L'AIE conclut sur l'urgence d'agir pour sauver la planète des retombées désastreuses du réchauffement. Si les Etats mettaient en œuvre les mesures qu'ils préconisent eux-mêmes, un recul de 19 % des émissions par rapport au scénario tendanciel serait possible en 2030. Encore insuffisant pour éviter une élévation moyenne de 2,40 des températures mondiales (le scénario bas du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) dans la seconde moitié du XXIe siècle.
L’Agence Internationale de l’Énergie est un organe autonome institué en novembre 1974 dans le cadre de l’Organisation de coopération et de développements économiques (OCDE) afin de mettre en œuvre un programme international de l’énergie. Les pays membres sont : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Japon, Luxembourg, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, République de Corée, République Tchèque, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie. Il est envisagé que la Pologne et la République Slovaque deviennent membres en 2007-2008. La Commission Européenne participe également aux travaux de l’AIE.