Abuja, Nigeria, 03/12 - Une commission du Sénat nigérian a menacé la compagnie Shell de sanctions pour non respect d`une résolution adoptée par les deux chambres du Parlement et aux termes de laquelle, 1,5 milliard de dollars US devaient être payés, à titre de compensation, à la communauté ijo de l`Etat pétrolier de Bayelsa, a appris la PANA de source officielle.
John Brambaifa, président de la commission spéciale du Sénat, mise sur pied pour veiller au respect de la résolution, a affirmé à la presse mercredi, à Abuja, que Shell avait écrit à l`Assemblée pour lui notifier son refus de se conformer à la décision.
"Je peux dire en toute certitude que nous avons reçu la réaction de Shell en deux lettres distinctes. L`une émanant du directeur général de Shell et la seconde d`un cabinet juridique agissant en son nom", a affirmé M. Brambaifa.
"Dans ces lettres, Shell fait part de son rejet catégorique de la résolution de l`Assemblée nationale car, de l`avis de la compagnie, la base sur laquelle ces résolutions ont été adoptées est déséquilibrée", a-t-il déclaré.
Il a également annoncé que la commission sénatoriale relative à l`Etat du Delta du Niger, dont il exerce aussi la présidence, envisage de rédiger, dans les deux prochaines semaines, un rapport officiel destiné à la chambre législative haute, en vue de l`imposition de sanctions contre la compagnie Shell, pour "son effronterie et sa remise en cause flagrante de la souveraineté du Nigeria."
Tout en refusant d`être plus précis sur les sanctions envisagées, il a estimé que les possibilités de nationalisation de la compagnie Shell demeurent réelles.
La commission sénatoriale sur l`Etat du Delta du Niger devrait également ouvrir une enquête sur les activités et opérations de la compagnie au Nigeria.
"La Commission sur l`Etat du Delta du Niger est prête à ouvrir une enquête approfondie sur les activités de Shell dans le Delta ainsi que leur impact sur la vie des populations de la région et l`économie du Nigeria.
"Dans le cadre de l`enquête, il sera aussi fait appel aux populations du Nigeria, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, des Etats-Unis et de l`Afrique du Sud pour leur demander de soumettre des avis", a-t-il déclaré.
M. Brambaifa a, par ailleurs, accusé Shell de pratiquer l`apartheid au Nigeria, affirmant que "les activités de Shell dans l`Etat du Delta du Niger sont en tout point comparables à celles du régime de l`apartheid, qu`ils ont financé et entretenu en Afrique du Sud."
"Cette fois-ci, leurs activités dans le Delta du Niger sont encore bien pires", a indiqué le député.
L`année dernière, la chambre des Représentants avait adopté une résolution appelant au paiement d`une compensation de 1,5 milliard de dollars US au profit de la communauté ijo de l`Etat de Bayelsa en raison de la pollution persistante causée les prospections pétrolières et les activités d`exploitation.
La compagnie Shell avait été sommée de payer immédiatement un montant de 1 milliard dollars et de verser le reste sur une période de cinq ans.
La résolution avait été entérinée par le Sénat au mois d`août dernier et l`institution parlementaire avait mis en garde Shell contre toute velléité de se soustraire à cette décision.
La filiale nigériane de Shell est le premier producteur de pétrole du pays, rappelle-t-on.
La compagnie a été récemment soumise à rude épreuve par les manifestations des communautés Ijo et Ogoni, des mouvements censés répondre à son supposé refus de respecter les termes d`un accord précédent relatif au bien-être des Ijo et au projet qui lui est prêté de tenter de revenir en territoire ogoni en utilisant la force, après avoir été contraint de mettre un terme à ses opérations en 1993.