Pour juguler la flambée des prix du brut, les membres de l'OPEP, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ont convenu jeudi d'augmenter en juillet leur plafond de production de deux millions de barils par jour. Si nécessaire, le seuil sera encore relevé de 500.000 barils en août.

Cette mesure ne devrait cependant pas faire baisser les prix à la pompe, selon des experts.

La décision prise par les délégués de l'OPEP à Beyrouth au Liban est un compromis entre les membres qui, derrière l'Arabie saoudite, souhaitaient augmenter immédiatement la production de 2,5 millions de barils par jour pour atteindre les 26 millions de barils quotidiens, et ceux qui, comme l'Iran, préféraient que le plafond soit relevé progressivement, en au moins deux étapes.

"Nous avons décidé de relever le plafond à 25,5 (millions de barils par jour) à compter du 1er juillet et à 26 (millions de barils par jour) à compter du 1er août, et nous nous réunirons pour examiner les actions ultérieures le 21 juillet à Vienne", a annoncé à la presse le ministre saoudien du Pétrole Ali Naimi. Le plafond actuel est de 23,5 millions de barils par jour.

Les représentants du Qatar, du Nigeria et des Emirats arabes unis ont confirmé cette décision avant que les membres du cartel ne se retrouvent à huis clos pour ratifier la hausse. Une annonce officielle était attendue dans la soirée.

L'OPEP a décidé de relever le plafond en deux étapes car "nous pensons qu'il n'y a pas de pénurie sur le marché et que nous devrions être très prudents sur les mois à venir", a expliqué le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zangeneh.

Le cartel n'a pas invité ses membres à produire davantage. Ils dépassent déjà leur quota actuel d'au moins 2,3 millions de barils par jour. De fait, le relèvement du plafond de 2,5 millions de barils va essentiellement légitimer la production actuelle.

Dans son discours d'ouverture, le président de l'OPEP, l'Indonésien Purnomo Yusgiantoro, avait toutefois exhorté les membres de l'organisation à faire "tout leur possible pour stabiliser le marché du pétrole".

Et le délégué nigérian pense que le seuil rehaussé va contribuer à maîtriser les prix du brut. "Pour agir en tant que membres responsables de la communauté internationale, nous devons envoyer ce message fort au marché selon lequel nous sommes prêts à produire pour éviter la surchauffe du système", a déclaré Edmund Maduabebe Daukoru.

L'OPEP produit plus du tiers du brut mondial.

Après la prise d'otages meurtrière du week-end dernier à Khobar, ville saoudienne où sont implantées nombre de firmes pétrolières, le prix du baril avait atteint un sommet historique mardi à plus de 42 dollars à New York. Il est redescendu mercredi avant de rebondir jeudi. Les courtiers se demandent en effet si l'OPEP a des capacités d'extraction réellement suffisantes pour calmer les craintes du marché, qui redoute que de nouvelles attaques terroristes ne coupent l'approvisionnement en or noir du Moyen-Orient.

Officiellement, l'OPEP souhaite que le prix du baril évolue dans une fourchette comprise entre 22 et 28 dollars et les délégués ont assuré jeudi que leur préférence n'avait pas changé. Cependant, le baril a largement dépassé les 28 dollars depuis décembre et ne paraît pas devoir redescendre.